À Saint-Raphaël, Moïse Jean-Charles rallume la flamme de la démagogie et flirte avec l’appel à l’insurrection


Par Rose-Mirlène Joachim
| Saint-Raphaël, 5 mai 2025 — 

À défaut d’un projet politique structuré ou d’une vision de sortie de crise réaliste, le leader du parti Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles, a préféré, dimanche 4 mai, verser dans la surenchère populiste et le discours de confrontation, lors d’un rassemblement houleux sur la place publique de Saint-Raphaël. Cette rencontre politique, ponctuée de chants Rara, de cortèges de motards et de slogans vindicatifs, s’est soldée par des violences armées, dont plusieurs blessés — des tirs qui, selon des témoins, auraient été effectués par des agents de la BSAP.

Mais au lieu de faire profil bas dans un contexte sécuritaire explosif, l’ancien sénateur du Nord a saisi l’occasion pour se poser en victime d’un vaste complot visant à le marginaliser, tout en multipliant des promesses aux contours flous et au financement incertain. Routes rurales, prêts agricoles, distribution de semences, construction de glacières : une pluie d’annonces sans la moindre indication sur les mécanismes de mise en œuvre ou sur les sources de financement. Une stratégie bien connue dans les cercles populistes : flatter l’espérance des laissés-pour-compte sans jamais livrer de résultats concrets.

Dénonçant tour à tour la bourgeoisie, le secteur privé, les taxes sur les transferts, et même les marchés régulés, Moïse Jean-Charles s’est érigé en pourfendeur d’un système dont il a pourtant longtemps bénéficié. « Ce n’est pas moi qui ai donné les armes aux ghettos », a-t-il lancé, sans toutefois expliquer en quoi ses propres discours incendiaires et sa complaisance passée envers certaines figures du banditisme politique n’auraient pas contribué à la crise actuelle.

Ce qui inquiète davantage, c’est sa volonté clairement exprimée d’en découdre avec le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qu’il accuse de passivité face à l’insécurité et à l’inflation. Loin de proposer une alternative crédible, Moïse Jean-Charles menace désormais d’embraser le pays : « Nous allons déclencher un mouvement de soulèvement dans les quatre coins du pays », a-t-il martelé. Une déclaration lourde de conséquences dans un pays déjà au bord de l’implosion.

Plus grave encore, l'ancien candidat à la présidence appelle à des manifestations ciblées devant les résidences privées des membres du CPT, du Directeur Général de la PNH et d'autres responsables. Une tactique dangereuse qui risque de nourrir un climat de chasse aux sorcières et de légitimer les représailles violentes. Loin d’un appel civique à la mobilisation démocratique, ces propos relèvent d’une logique d’intimidation.

Le rassemblement de Saint-Raphaël s’est donc transformé en vitrine d’un discours qui oscille entre promesses électoralistes et menaces à peine voilées. Moïse Jean-Charles semble préférer les coups de poing médiatiques aux stratégies politiques, et la mise en scène à la gouvernance.

Alors que le pays attend des solutions pragmatiques pour sortir du chaos, le leader de Pitit Dessalines choisit de souffler sur les braises, au risque de précipiter Haïti vers de nouvelles convulsions.

Un leadership à contretemps ou une fuite en avant calculée ?

Rose-Mirlène Joachim
rosemjoachim@gmail.com

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