Port-au-Prince, le 29 novembre 2024.-
Dans la tradition orale haïtienne, les histoires de "blancs" ont toujours eu une saveur particulière. Mais ces jours-ci, une nouvelle catégorie de ces êtres mythiques semble avoir émergé : les "blancs mannan". Comprenez : des figures invisibles, omniprésentes, auxquelles on attribue tout et n’importe quoi, mais qui, à y regarder de près, n’existent que dans l’imaginaire collectif. Le seul "vrai blanc" d’après certaines langues bien pendues, c’est Donald Trump. Tous les autres seraient des illusions créées par nos luttes intestines.
Un Conseil Présidentiel de Transition ou de Tension ?
Depuis que le CPT a évincé Garry Conille et installé M. Alix Didier Fils Aimé comme Premier Ministre, c’est comme si les membres de cette entité étaient partis en guerre… les uns contre les autres. Au cœur des hostilités ? Le contrôle des directions générales des ministères et organismes publics. Les couteaux volent bas et les alliances se défont plus vite que les nœuds d’une cravate mal ajustée.
Dernière innovation dans cette guerre intestine : des rumeurs selon lesquelles le fameux "blanc américain" aurait demandé l’éviction de trois conseillers accusés dans le scandale de la Banque Nationale de Crédit (BNC). L’ancien député de Marigot, Déus Deronneth, s’est empressé de démentir ces bruits de couloir, qualifiant la manœuvre d’attaque directe contre l’accord du 3 avril 2024. « Si on écarte ces trois-là, autant signer la fin de l’accord », a-t-il martelé, prônant une responsabilité collective pour ce comité de neuf membres qui, il faut le reconnaître, a un talent certain pour s’autodétruire.
Le dossier BNC : scandale ou stratégie ?
Et que dire de cette affaire de la BNC ? Selon certains observateurs, ce scandale n’aurait rien d’authentique et serait plutôt une manœuvre élaborée par l’ancien Premier Ministre Garry Conille pour faire imploser le CPT. Le politicien, qui a laissé Haïti sous une pluie de chaos avant de s’envoler pour les États-Unis, aurait activé les gangs pour paralyser le pays et s’assurer de rester le seul à tirer les ficelles. Ses détracteurs n’hésitent pas à le qualifier de "l’homme le plus corrompu de l’histoire récente". Un titre honorifique qui, soyons honnêtes, est très disputé dans les cercles politiques haïtiens.
Mais où est le blanc ?
Au milieu de cette cacophonie, une question brûle toutes les lèvres : mais où est donc ce fameux "blanc" ? Qui est-il ? Que veut-il ? Déus Deronneth, avec un brin de malice, s’interroge : « Quand on parle de ‘blanc’, de quel blanc s’agit-il ? Où est sa déclaration ? » Autant de questions qui restent sans réponse, laissant planer l’idée que ces fameux "blancs" ne sont qu’un écran de fumée. Une distraction pour détourner l’attention du peuple des vrais enjeux, comme le besoin urgent de rétablir la sécurité, de réformer les institutions, et – soyons fous – de gouverner le pays avec un minimum de sérieux.
L’humour comme remède
Au final, ce qui fait le plus sourire dans tout cela, c’est la capacité de nos dirigeants à se jeter des accusations dignes des meilleures séries télévisées. Entre les luttes internes, les rumeurs de conspirations, et les références à des "blancs" qui n’existent que dans leurs discours, on pourrait presque croire que la politique haïtienne est une œuvre de fiction. Malheureusement, ses conséquences, elles, sont bien réelles.
Alors, chers lecteurs, la prochaine fois qu’on vous dira : « Le blanc a dit », demandez-vous si ce "blanc" n’est pas, en réalité, un pur produit de l’imaginaire collectif haïtien. Un "blanc mannan", aussi insaisissable que l’unité au sein du CPT.
Rose-Myrlène Joachim
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