Port-au-Prince, mardi 15 avril 2025 – Dans un contexte de crise multidimensionnelle où l’insécurité gangrène la vie quotidienne des citoyens, le Gouvernement haïtien a adopté ce lundi 14 avril un budget rectificatif pour l’exercice fiscal 2024-2025, que beaucoup qualifient déjà de « budget de guerre ». Avec un montant total de 323,4 milliards de gourdes, ce budget vise à répondre aux urgences nationales tout en posant les jalons d’une relance économique dans un pays meurtri.
Le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF), à travers un communiqué officiel, a informé que ce budget est équilibré sans recours aux avances de la Banque de la République d’Haïti (BRH). Il sera financé à hauteur de 217,5 milliards de gourdes par les recettes fiscales et douanières.
Ce budget amendé s’articule autour de cinq grands axes stratégiques :
Le renforcement de la sécurité publique et nationale, priorité numéro un du Gouvernement ;
Le redressement économique, la réhabilitation des infrastructures, et la sécurité alimentaire et sanitaire ;
La conférence nationale et la réforme constitutionnelle, longtemps attendue ;
Le rétablissement de l’État de droit et de la justice, fondement de toute démocratie viable ;
L’organisation des élections, pierre angulaire d’un retour à la normalité institutionnelle.
La lutte contre l’insécurité est visiblement la pierre angulaire de ce budget. Le Gouvernement a procédé à une hausse globale de 11,8 % des crédits alloués aux institutions de sécurité, soit une augmentation de 4,35 milliards de gourdes par rapport au budget initial. La Police Nationale d’Haïti (PNH) voit son enveloppe passer de 29,985 milliards à 32,935 milliards de gourdes, enregistrant une hausse de 9,8 %. Les Forces Armées d’Haïti (FAd’H), pour leur part, obtiennent une augmentation encore plus marquée, avec un bond de 20,1 %, leur budget passant de 6,976 milliards à 8,376 milliards de gourdes.
Cette augmentation traduit la volonté du Gouvernement de reprendre le contrôle du territoire, face à la montée en puissance des gangs armés et à la détérioration continue de la sécurité nationale. « La sécurité reste la priorité absolue », indique clairement le communiqué du MEF.
Outre le volet sécuritaire, d’autres secteurs bénéficieront également d’augmentations substantielles. Le redressement économique, combiné à la réhabilitation des infrastructures, est présenté comme un pilier de la sortie de crise. La dimension sociale du budget, notamment en matière de sécurité alimentaire et sanitaire, traduit une prise de conscience face à la précarité grandissante dans les couches les plus vulnérables de la population.
Ce budget rectificatif intervient dans un climat socio-politique particulièrement tendu. La tenue d’une conférence nationale, la réforme de la Constitution, le rétablissement de l’autorité de l’État, et surtout l’organisation d’élections crédibles, restent des chantiers immenses. Mais pour beaucoup, sans un minimum de sécurité, ces objectifs resteront lettre morte.
La bataille pour la stabilité est donc lancée, et le Gouvernement semble décidé à se donner les moyens de ses ambitions. Reste à voir si ce budget de guerre sera suivi d’actions concrètes sur le terrain. Car pour l’instant, c’est la peur qui règne, et la population attend des résultats tangibles.
La Rédaction de StandardMania
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