Le Groupe de travail sur les migrants : une lenteur digne des marathons haïtiens


Port-au-Prince, le 8 octobre 2024.-

Le mardi 8 octobre 2024, sous un soleil éclatant qui aurait pu réveiller les esprits les plus somnolents, la Résidence Officielle du Premier ministre a vu défiler un cortège impressionnant de ministres, experts, et autres partenaires internationaux. Tous convoqués par le Premier ministre a.i., Me Carlos Hercule, pour une rencontre historique… ou du moins, c’est ce qu’on espérait. L’objet du jour ? La création d’un Groupe de travail multisectoriel pour s’attaquer à l’une des crises les plus urgentes : l’accueil et la prise en charge des migrants haïtiens.

Mais au lieu d’assister à une tempête de mesures audacieuses, on a eu droit à un long moment de contemplation bureaucratique. Il semble que, dans les hautes sphères, "agir vite" signifie attendre patiemment le prochain vendredi avant d’évaluer les premiers pas. Alors que la terre tourne et que les migrants arrivent, épuisés, affamés et désemparés, la machine administrative, elle, avance à la vitesse d’une tortue en pleine sieste.

La réunion de la décennie ?

Le décor était planté. Tout était là : les ministres clés, des membres des agences internationales, et même la Coordonnatrice résidente des Nations Unies. Une belle brochette de compétences, réunies autour de six points précis. Mais hélas, entre les discours convenus et les cafés qui refroidissent, il n’y a pas eu d’éclairs de génie.

D’abord, l’accueil des migrants. On imagine déjà des agents à l’aéroport, légèrement désorientés, se demandant encore s’ils doivent sourire ou vérifier des papiers. Ensuite, la mise à jour des documents d’identité. Une idée formidable, sauf qu’elle reste à l’état d’idée. Vous pensiez qu’ils allaient sortir des imprimantes et des stylos pour commencer à délivrer des documents ? Que nenni ! Ce sera pour une prochaine réunion. Peut-être.


Un répertoire des migrants, version 2030 ?

Deuxième point de la liste : établir un répertoire des migrants haïtiens. Ah, un fichier centralisé, un chef-d’œuvre d’organisation. Mais là encore, patience ! Il faudra attendre que le premier vendredi suivant soit bien entamé avant de découvrir si un feuillet Excel a été ouvert. Pour l’instant, la seule certitude est que chacun a bien pris note de l’idée.

Quant à la réinsertion et la réintégration des migrants ? Encore un concept brillant. Mais comment réinsérer quelqu’un qu’on n’a même pas encore accueilli ou recensé ? Mystère. La coordination de la communication et du plaidoyer, quant à elle, a fait sourire plus d’un. Il est toujours fascinant de voir des spécialistes discuter de "communication" tout en ignorant l’urgence de l'action.

La crise migratoire ? Un détail dans les feuilles de route

Culmination de la séance : l’ajout du défi migratoire à l’évaluation rapide de l’impact de la crise. Ah, voilà une formule qui sonne bien. Mais derrière ces mots sophistiqués se cache une lenteur implacable. Oui, la crise est évaluée… rapidement. À condition, bien sûr, que "rapidement" signifie plusieurs jours, voire des semaines, pour commencer à voir un semblant de résultat.

Rendez-vous vendredi, ou peut-être pas

La cerise sur le gâteau ? Une nouvelle rencontre est prévue pour vendredi 11 octobre, afin de "réévaluer la situation". Car, bien entendu, il est essentiel de se réunir plusieurs fois pour bien s'assurer que la situation reste critique. Et en attendant, les migrants continueront d’arriver, et de se demander si leur sort n’aurait pas été plus rapide s’ils avaient pris un vol direct vers le bureau du Premier ministre.

Moralité ? Les autorités semblent avoir opté pour une approche zen : "Prenons notre temps, après tout, qu’est-ce qu’un jour de plus ou de moins ?" Après tout, dans ce marathon administratif, la lenteur est un art.


La Rédaction de StandardMania 
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