Haïti : Les États-Unis renoncent à une mission onusienne pour calmer la Russie et la Chine


New-York, le 29 septembre 2024.- 

Dans une manœuvre diplomatique visant à éviter un blocage au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, les États-Unis ont abandonné leur proposition initiale de transformer la mission de sécurité en Haïti en une opération formelle de maintien de la paix. Cette décision a été prise pour apaiser la Russie et la Chine, deux membres influents du Conseil, selon des diplomates de l'ONU.

Le Conseil de sécurité, composé de 15 membres, s'apprête à voter ce lundi sur une résolution visant à prolonger le mandat de la mission Multinationale de soutien à la sécurité (MSS) en Haïti jusqu’au 2 octobre 2025. Cette mission, dirigée par le Kenya, avait été approuvée il y a un an à la demande des autorités haïtiennes, alors que le pays luttait pour contenir la violence des gangs.

Bien qu’autorisée par le Conseil de sécurité, cette mission n’est pas officiellement une opération de maintien de la paix des Nations Unies, ce qui signifie que les États membres fournissent volontairement des fonds et du personnel. À ce jour, les résultats sur le terrain restent modestes avec seulement 400 policiers kényans déployés et un financement jugé insuffisant pour restaurer l'ordre dans le pays.

La proposition des États-Unis visait à ce que le Conseil de sécurité prépare un plan de transition pour transformer la MSS en une véritable mission de maintien de la paix onusienne. Cependant, la Russie et la Chine ont exprimé leur réticence à l'égard de cette initiative. Selon Dmitry Polyanskiy, ambassadeur adjoint de la Russie à l'ONU, il est encore "trop tôt pour tirer des conclusions" quant à l'efficacité de la MSS. "Nous ne voulons pas précipiter le processus et préjuger de l’issue de cette mission", a-t-il ajouté.

Pour éviter un blocage diplomatique, les États-Unis ont retiré la mention de cette transition du projet de résolution. Toutefois, Washington a réaffirmé son engagement à restaurer la sécurité et la stabilité en Haïti. "Transformer la mission en une opération de maintien de la paix renforcerait la stabilité en assurant un financement plus fiable et en élargissant ses capacités", a déclaré un porte-parole de la mission américaine à l'ONU.

La violence des gangs continue de ravager Haïti, entraînant des déplacements massifs et des souffrances humanitaires. Selon l'ONU, plus de 700 000 personnes ont été déplacées à cause de la violence, et le pays est aux prises avec des cas de violences sexuelles et une famine croissante. Malgré ces défis, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a récemment exprimé des doutes sur la nécessité d’une mission de maintien de la paix en Haïti, soulignant que ce type de force ne serait peut-être pas la solution la plus appropriée pour le pays.

De nombreux Haïtiens, quant à eux, gardent en mémoire les échecs des missions passées des Nations Unies. Les scandales liés à des abus sexuels et une épidémie de choléra qui a suivi une précédente mission de l'ONU ont considérablement terni l'image de l'organisation dans le pays. Cette méfiance demeure un obstacle majeur à l'idée d'un retour des Casques bleus sur le sol haïtien.

Pourtant, le chef du Conseil de transition haïtien, Edgard Leblanc, a récemment soutenu la transformation de la MSS en une mission de maintien de la paix. Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, avait également abordé cette question lors de sa visite en Haïti plus tôt ce mois-ci.

Le vote de lundi sera crucial pour déterminer l'avenir de l'aide internationale à Haïti, un pays pris au piège dans une spirale de violence et de crise humanitaire. Alors que les États-Unis cherchent à renforcer la mission de sécurité, les divisions au sein du Conseil de sécurité soulignent les défis diplomatiques complexes qui entourent toute intervention internationale dans cette nation caribéenne en détresse.

La Rédaction de StandardMania 

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