Sous le thème « Fanm riral ap kontinye pwoteje lanati pou lavni fanm ak gason egal ego », le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF), en partenariat avec ONU Femmes et plusieurs agences des Nations Unies, a célébré ce 15 octobre 2025 à Limonade la Journée internationale des femmes rurales. Cinq départements, le Centre, l’Artibonite, le Nord, le Nord-Est et le Nord-Ouest, ont pris part à cette grande mobilisation au cours de laquelle onze personnalités ont été honorées pour leur engagement dans la protection de la nature et le développement durable.
Par Hugues Michel | Limonade, 16 octobre 2025 –
La cérémonie s’est tenue dans la commune de Limonade, en présence de nombreuses délégations venues des cinq départements du Grand Nord. Accueillant l’événement, le maire de Limonade, Gesner Dieudonné, a salué le choix de sa commune pour une telle célébration, soulignant « le symbole fort d’une communauté résiliente et dynamique qui s’apprête à célébrer l’an prochain ses 350 ans de fondation. Limonade est fière d’abriter cette journée, car ici, les femmes rurales incarnent la dignité, la force et la foi en l’avenir », a-t-il déclaré sous les applaudissements.
Du côté de l’Artibonite, les représentantes ont plaidé pour un leadership féminin fort capable de sortir le pays du bourbier actuel. « Haïti a besoin d’un regard nouveau, d’une main ferme mais maternelle pour rebâtir la nation », a affirmé une déléguée, dénonçant par ailleurs « l’insécurité qui ravage les zones rurales et étrangle le commerce agricole ».
Prenant la parole, la Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, Pédrica Saint-Jean, a livré un discours vibrant d’émotion et de conviction. Accompagnée de son Directeur de Cabinet, l’ancien député Printemps Bélizaire, la ministre a exalté le courage des femmes rurales qu’elle qualifie de « flamme qui éclaire les foyers et racine qui soutient la nation ».
« Nou pa ka pale de devlopman si nou pa mete fanm riral yo nan sant aksyon an. Yo se poto mitan lavi ak lespwa. Yo se motè agrikilti, sekirite alimantè ak solidarite kominotè », a-t-elle lancé en créole, avant de rappeler que cette journée n’est pas seulement symbolique, mais un appel à la justice sociale et à l’égalité de genre.
La ministre a dénoncé avec vigueur les défis multiples auxquels font face les femmes rurales : insécurité, manque d’accès à la terre, au crédit, à l’éducation et aux soins de santé. Elle a réaffirmé l’engagement du gouvernement à travers une stratégie en trois axes : sécurité, humanitaire et élections.
« Pa gen demokrasi san fanm. Pa gen sekirite san fanm. Pa gen rekonstriksyon san fanm », a-t-elle martelé, invitant toutes les femmes, surtout rurales, à obtenir leur carte électorale afin de participer activement aux prochaines échéances politiques.
De son côté, Yves-Marie Édouard, Conseillère électorale au Conseil Électoral Provisoire, a insisté sur la nécessité d’une participation féminine accrue dans la vie politique. « San fanm, pa gen demokrasi solid. Chak fanm ki pa ka vote, se yon vwa pèdi », a-t-elle averti, appelant à la mise en place de mesures concrètes, quotas, financement incitatif, formation, pour favoriser l’inclusion des femmes dans les instances électorales.
Sophie Havyarimana, représentante d’ONU Femmes, a, pour sa part, salué la résilience des femmes rurales haïtiennes : « Elles sont les gardiennes de la terre, les bâtisseuses silencieuses des communautés. Dans les moments de crise, ce sont elles qui nourrissent, accueillent et relèvent les familles. » Elle a félicité la ministre Pédrica Saint-Jean et son directeur de cabinet Printemps Bélizaire pour leur leadership et leur collaboration étroite avec le système des Nations Unies : « Grâce à ce partenariat, les promesses se transforment en actions et les rêves deviennent des réalités tangibles. »
Cette édition de la Journée internationale des femmes rurales aura donc servi à la fois d’hommage et de plaidoyer. Hommage à ces piliers de la vie communautaire, mais aussi plaidoyer pour une reconstruction nationale fondée sur l’équité, la participation politique et la durabilité environnementale. En filigrane, un message résonne : le redressement d’Haïti passera par les femmes rurales, par leur reconnaissance, leur inclusion et leur autonomisation réelle.
Hugues Michel
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