Par Hugues Michel | Cap-Haïtien, 20 novembre 2025 –
Le Cap-Haïtien s’est éveillé ce mardi 18 novembre dans une atmosphère de recueillement pour commémorer, comme chaque année, la bataille de Vertières, ultime affrontement de l’armée indigène ouvrant la voie à l’indépendance d’Haïti. Dès les premières heures, les autorités locales ont convergé vers le site historique, soigneusement nettoyé et clôturé pour l’occasion.
Autour des monuments, une gerbe de fleurs a été déposée par les représentants de la mairie du Cap-Haïtien, le délégué départemental Marc Présumé, ainsi que des responsables du Ministère de la Défense, dont Marc Olibrice. Un geste sobre, mais fidèle à la tradition, marqué par une présence institutionnelle significative.
Peu après, les officiels ont rejoint la Cathédrale Notre-Dame du Cap-Haïtien pour la messe du tédéum. Le cortège a dû traverser une portion de la route nationale encore jonchée de boue et de détritus, témoignant du contraste entre l’effort de propreté à Vertières et les défis persistants en matière d’aménagement urbain. À l’intérieur de l’édifice religieux, rempli d’élèves, d’enseignants, de fidèles et de personnalités publiques, le père Jean Wilson Bastien a livré une homélie directement tournée vers la situation nationale. Il a exhorté les élites et les autorités à dépasser leurs divisions. « Haïti a besoin de chacun de ses citoyens. C’est dans l’union que nous retrouverons le chemin du développement », a-t-il insisté.
Pendant ce temps, la structure Ayiti Nou Vle Viv tenait, les 17 et 18 novembre, son Congrès de la jeunesse. À l’issue des travaux, les organisateurs ont publié une déclaration intitulée Cri de Vertières, un texte plaidant pour une reconnaissance accrue du rôle des jeunes dans la gouvernance et la défense de la démocratie. Selon cette note, la jeunesse constitue « parmi les défenseurs les plus actifs et les bâtisseurs les plus imaginatifs » de l’État de droit et mérite « protection et soutien ». Elle souligne que la survie de la démocratie haïtienne dépend d’un engagement politique fort en faveur des jeunes générations. Les signataires appellent également à un « consensus politique réel » afin de redresser le pays et réorienter la transition, estimant que l’Haïti actuelle « ne ressemble pas aux idéaux des ancêtres ».
Les jeunes dénoncent ce qu’ils qualifient d’échec flagrant des dirigeants : insécurité persistante, absence de progrès électoraux, paralysie institutionnelle et promesses non tenues. « Pa gen yon sèl grenn ayisyen ki fè dirijan yo konfyans », affirme la déclaration, appelant à un nouveau départ et à une direction qui intégrerait pleinement la jeunesse comme actrice du changement.
En marge de ces activités officielles et citoyennes, le mouvement Cri 20 septembre a organisé une manifestation pour réclamer le départ du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), poursuivant la vague de mobilisation observée ces dernières semaines dans plusieurs villes du pays.
La journée s’est achevée sur une note plus symbolique avec une marche pacifique initiée par la Plateforme Équilibriste. Bougies allumées à la main, les participants ont sillonné les rues du Cap-Haïtien avant de déposer lumières et fleurs au pied des monuments. « Nous cherchons des énergies positives pour Haïti », a expliqué Junior Fortunat, coordinateur de la Plateforme, soulignant la volonté de nombreux citoyens de s’engager dans des démarches non violentes pour la reconstruction morale et sociale du pays.
Ainsi s’est refermé ce 18 novembre 2025, entre devoir de mémoire, interpellation des autorités et affirmation d’une jeunesse déterminée à ne plus rester spectatrice de l’avenir national.
Hugues Michel
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