De retour de Washington, le Conseiller-Président Smith Augustin plaide pour une approche globale de la sécurité en Haïti


Par StandardMania | Cap-Haïtien, 24 mai 2025 — 

Fraîchement rentré de Washington où il a pris part à un Symposium spécial sur la sécurité en Haïti, le Conseiller-Président Smith Augustin a fait une déclaration forte à la presse ce samedi, depuis le salon diplomatique de l’aéroport international du Cap-Haïtien. Son ton est grave, ses mots sont mesurés, mais son message est clair : Haïti est prête à prendre sa part de responsabilité, mais attend aussi une solidarité sincère de ses partenaires régionaux.

Ce Symposium, tenu le 22 mai à l’Organisation des États Américains (OEA), n’était pas une rencontre ordinaire. Selon le Conseiller-Président, il s’agissait d’un moment politique arraché avec détermination, fruit de discussions amorcées dès avril dernier avec le Secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro. Smith Augustin en a profité pour saluer le rôle décisif de l’ambassadrice Myrtha Désulmé, qu’il décrit comme « une vigie diplomatique engagée pour la cause haïtienne ».

Au cœur de son intervention : une approche qu’il qualifie lui-même de « tridimensionnelle » pour comprendre et combattre l’insécurité qui ronge le pays.

La première dimension, selon lui, est nationale. « L’insécurité n’est pas tombée du ciel. Elle a des racines profondes : inégalités sociales, exclusions territoriales, et usage politique de la violence », affirme-t-il avec gravité. Pour Augustin, il faut avoir le courage de nommer les vérités : « Quand des politiciens pactisent avec des bandits pour prendre ou garder le pouvoir, l’État perd sa légitimité. »

Mais il insiste sur un tournant à prendre. Il évoque un budget rectificatif orienté vers le renforcement de la Police nationale d’Haïti (PNH) et des Forces armées : « C’est le signal que l’État commence à se redresser. Nos institutions doivent être dotées de moyens pour répondre au défi sécuritaire. »

Il s’exprime aussi avec fermeté sur les rumeurs de collusion entre certains membres de l’élite politique et les groupes armés : « On peut dire ce qu’on veut du Conseil Présidentiel de Transition, mais nous, nous ne sommes pas en connivence avec les bandits. »


La deuxième dimension est transnationale. Le Conseiller-Président rejette catégoriquement le discours selon lequel Haïti serait une menace pour la région. « Ce sont les trafics transfrontaliers — d’armes, de drogue, de munitions — qui exploitent notre vulnérabilité, pas l’inverse », précise-t-il. Il cible notamment l’entrée massive d’armes en provenance de la Floride et la porosité de la frontière haïtiano-dominicaine. « Nous avons besoin d’une coopération sincère. Pas d’un discours stigmatisant, mais d’actions concrètes. »

Il tire deux leçons de cette réalité régionale : d’une part, ce sont toujours les pays les plus pauvres qui paient le prix de l’insécurité régionale ; d’autre part, sans coordination multilatérale, aucune solution durable n’est envisageable. « Ce que nous vivons est un échec collectif de la sécurité régionale. »

La troisième dimension évoquée par M. Augustin est celle des narratifs. Il appelle à une réappropriation du récit haïtien dans les institutions régionales. « Dès juillet, lors de l’Assemblée générale de l’OEA, nous devons prendre la parole pour corriger les perceptions. Haïti ne doit plus être un pays que l’on décrit à travers le prisme du chaos. »

Pour lui, le Symposium du 22 mai n’est que le début : un diagnostic, un point de départ. Il y voit un moment stratégique pour inscrire Haïti durablement à l’agenda continental. « Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est ouvrir une brèche diplomatique, sécuritaire, et symbolique. »

Au terme de son allocution, Smith Augustin a insisté sur une idée fondamentale : la reconstruction sécuritaire du pays ne sera possible que si l’État haïtien prouve qu’il est prêt à assumer sa part de responsabilité. « Personne ne viendra à notre secours si nous ne faisons pas le premier pas. C’est pourquoi nous mettons en place un task force interinstitutionnel. Pour montrer que nous sommes sérieux. »

Son retour marque ainsi une volonté d’agir, d’expliquer, de convaincre. À travers son message, il tente de recadrer la question de la sécurité comme une affaire collective, enracinée dans les fractures internes du pays, mais aussi amplifiée par l’indifférence ou les défaillances de la coopération régionale.

Un discours lucide, ferme, et sans détour. Reste maintenant à voir si les actes suivront les mots, et si les partenaires de l’OEA entendront cet appel lancé depuis un pays en quête de paix, de dignité et de souveraineté retrouvée.

La Rédaction de StandardMania 
L'information objective en temps réel !
E-mail : standardmaniah@gmail.com 
Téléphone : +50932745054


Publier un commentaire

Plus récents Le plus ancien