La politique haïtienne n’a jamais manqué de rebondissements spectaculaires, mais cette fois-ci, c’est un véritable feuilleton à suspense qui s’est joué devant les yeux des citoyens fatigués et désabusés. Edgard Leblanc Fils, président sortant du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), a offert une performance mémorable dans son ultime discours adressé à la nation, la nuit du 6 octobre, à la manière d’un acteur d’Hollywood qui refuse de quitter la scène.
Dans un contexte national chaotique, entre une insécurité galopante, une pauvreté omniprésente, et un duel palpitant entre les deux branches du pouvoir exécutif, Leblanc a décidé que son dernier acte devait être... dramatique. Tel un capitaine qui critique la direction du navire après avoir navigué sans boussole, il a jugé bon d'annoncer, sous les feux des caméras de la Télévision Nationale, que le CPT avait "pris la mauvaise route". Le héros outragé se plaint d’une résolution adoptée la semaine dernière, un texte qu'il juge aussi explosif qu'un baril de poudre. Pourquoi ? Parce qu’elle risque, selon lui, de précipiter le pays dans une transition qui n'en finit pas. Qui aurait cru ?
Ce discours, aussitôt diffusé sur les réseaux sociaux, a provoqué une onde de choc... ou du moins un haussement de sourcils. Certains se sont demandés si Edgard n’avait pas manqué un épisode. Le rapport de l'Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) ? La présidence tournante ? Les détails ennuyeux d’une transition interminable ? Peu importe. Edgard semblait surtout préoccupé par une seule chose : garder la présidence coûte que coûte. Et là, il est probable qu’il souffre d’un syndrome bien connu sous nos latitudes : le syndrome du pouvoir prolongé. Car en effet, après avoir goûté au siège de président, il paraît difficile pour certains de le lâcher... même lorsque la réalité impose le contraire.
Pour ses partisans (oui, il en reste), ce discours est une mise en garde face à une crise imminente. Mais pour ses détracteurs, il s'agit surtout d'une tentative maladroite de retarder l’inévitable. La plupart des analystes politiques, à l'exception de ceux qui s'endorment pendant ces discours, ont qualifié ses paroles de "vides de sens". Une phrase forte, certes, mais qui reflète bien la lassitude d’une population qui n’a plus l'énergie de décortiquer les subtilités des jeux de pouvoir.
Et pendant qu’Edgard s'accroche désespérément à son fauteuil présidentiel, Leslie Voltaire, l'homme à la stature tranquille, se prépare déjà à lui succéder ce lundi, lors d'une cérémonie à la Villa d'Accueil. Une transition pacifique, certes, mais qui pourrait bien ressembler à une simple continuité de ce que les Haïtiens ont toujours connu : des discours, des résolutions, et une instabilité... tournante.
Bref, dans cette course à la présidence du CPT, Edgard Leblanc a montré qu'il ne fallait jamais sous-estimer la capacité d’un politicien à transformer sa sortie de scène en un acte théâtral. Chapeau l'artiste.
La Rédaction de StandardMania
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